Une autre comptabilité est possible et déjà opérationnelle.
- CERCES

- il y a 3 jours
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Alors que la transition écologique s’accélère à l’échelle mondiale, l’Europe traverse une zone de turbulence réglementaire. Au moment même où le continent s’apprêtait à consolider son leadership sur les normes de durabilité, un mouvement politique au Parlement européen a affaibli l’ambition initiale de la CSRD et de la CS3D via l’amendement Omnibus.
Pendant que l’Europe hésite, les États-Unis imposent leurs standards. La Chine accélère et défend une approche ferme de la double matérialité. Résultat : la bataille mondiale des normes de durabilité s’intensifie — et l’Europe risque de perdre son rôle moteur.
C’est dans ce contexte que s’exprime Alexandre Rambaud, chercheur, économiste et cofondateur du CERCES, dans une interview publiée par The Good. Son message est clair :
« Nous risquons de perdre le leadership européen sur la durabilité si nous restons prisonniers d’une vision financière du monde. »
ISSB : une fausse solution et un vrai risque
L’International Sustainability Standards Board (ISSB) s’impose progressivement dans les débats internationaux. Pourtant, comme le rappelle Alexandre Rambaud, ces standards présentent de fortes limites :
Ils reposent sur une vision essentiellement financière,
Ils ne sont pas scientifiquement cohérents,
Ils créent une illusion de responsabilité qui peut justifier l’inaction.
Même la Chine refuse d’y adhérer, privilégiant une double matérialité robuste intégrant l’impact réel des organisations sur les écosystèmes.
En clair : aligner les normes européennes sur l’ISSB reviendrait à renoncer à une ambition écologique crédible.
La comptabilité : un instrument géopolitique
Trop souvent perçue comme un outil technique ou un exercice de reporting, la comptabilité est en réalité un levier géopolitique majeur. Elle façonne les décisions, les priorités économiques et la manière dont les organisations se représentent leur place dans le monde.
Renoncer à un modèle comptable exigeant et scientifique, c’est renoncer à la capacité de l’Europe à :
piloter réellement la transition écologique,
influencer les normes internationales,
défendre une vision ambitieuse de la soutenabilité.
Replacer la science au cœur des normes
L’enjeu est simple : aucune transition sérieuse ne peut s’appuyer sur des standards dictés par les marchés financiers. Les normes doivent être alignées sur les limites planétaires.
La France dispose d’un atout majeur : la méthodologie C.A.R.E. (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology), développée depuis plus de 15 ans par des chercheurs, dont Alexandre Rambaud, au sein de la Chaire Comptabilité Écologique et du CERCES.
C.A.R.E. est aujourd’hui la seule méthode reliant directement :
la gestion et le management des organisations,
une analyse scientifique et politique de leurs réalités écologiques et sociales.
Elle permet aux entreprises et aux acteurs publics de mesurer leurs impacts, de piloter en soutenabilité forte et de “rendre à la nature et aux humains ce qui leur est dû”.
Rien n’est perdu : à condition d’agir maintenant
Si les acteurs français — publics, privés, académiques — s’engagent pleinement dans cette vision systémique, l’Europe peut redevenir motrice d’une refondation économique indispensable.
Pour celles et ceux qui souhaitent comprendre, agir et contribuer, le CERCES propose une formation introductive à la comptabilité environnementale et sociale et à la méthodologie C.A.R.E..




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